Les pianistes du duo Harangok [1] – Françoise Baert & Jean-Paul Buisson - mènent de front l’interprétation de pièces contemporaines, la création de pièces originales pour le concert, la danse [2], le film, et l’improvisation.

Des transcriptions de Bach par György Kurtág aux œuvres à l’encre à peine sèche, leurs répertoires s’élaborent sur mesure pour chaque concert, moment et lieu où convergent les expérimentations contemporaines : écritures novatrices, improvisations, chorégraphie des gestes, extensions électroacoustiques, préparations de l’instrument…

En 1979, la presse spécialisée annonce l’édition des premiers Játekok - Jeux - pièces pour piano à deux et quatre mains de György Kurtág. L’immense liberté proposée, l’élargissement considérable du champ des gestes possibles, l’exigence musicale portée très haut malgré un accès facile, la richesse pédagogique nourrissent les débats et réflexions sur l’enseignement du piano au sein de l’Atelier de musique du Havre.

En 2006, Sylvain Roullois, directeur de l’école de musique de Gonfreville l’Orcher commande un répertoire de piano contemporain « accessible » à la population de la commune. Plusieurs pistes sont suivies : Morton Feldman, George Crumb, György Kurtág… Le choix final se porte sur ce dernier après la découverte de ses transcriptions pour piano à quatre mains d’œuvres de Jean-Sébastien Bach. Il devient alors évident de concevoir l’architecture du programme : contrairement aux usages – panachage d’époques musicales, ou contemporain exclusif – il s’agit d’opérer un grand mouvement de balancier entre le 18è siècle et aujourd’hui, sans perdre en chemin les spectateurs grâce au fil tendu par l’écriture de György Kurtág. Manquent encore deux aspects fondamentaux du piano contemporain : le prolongement électroacoustique et l’improvisation. Cela se résout en proposant au plasticien du son Ax DelBor d’improviser sur trois Fragmendises (12 pièces pédagogiques pour piano à 4 mains et improvisation électroacoustique conçues en 1997) de J-P B. Les représentations débutent en 2008, et l’adhésion du public au chemin proposé conforte l’hypothèse de départ.

A partir de 2011, le duo aborde les partitions du compositeur américain Georges Crumb, continue le déchiffrage de nouvelles pièces de György Kurtág, met au répertoire les dernières partitions pédagogiques de J-P B : 53è piâneries - Alla rotondità pazza, et joue trois des dix nouvelles pièces à improviser : 60è piâneries - Alla ventura sconcertante.

En 2014, le duo complète ses travaux avec les sept dernières parties des 60è piâneries, étudient une pièce pour 4 mains de Luciano Berio, et décident de mettre à l’essai dans leur répertoire une œuvre d’Arvo Pärt, compositeur ne faisant pas partie de leur panthéon.

En 2016, dans le cadre du 11è festival PiedNu, interprétation de Burning piano, pièce d’Annea Lockwood (1968)

En 2018 s’élabore un nouveau répertoire consacré aux pièces de Morton Feldman pour deux pianistes, donné en concert en 2019. Ensuite, une citation du compositeur trouvée dans le livre Ecrits et paroles [3] :

En ce qui concerne les influences des peintres ou de Cage, je préfère un mot
comme permission à celui d’influence. Il y avait ainsi un feu vert extraordinaire.

incite J-P B à tenter de traduire les influences issues de l’étude de Feldman en trois courtes Permissions qui s’intercalent ici ou là au cours du concert donné fin 2021 au MuMa, dans le cadre du festival Piano is not dead.

Actuellement en répétition, la nouvelle pièce Fragment 0, d’une durée d’environ 1/2 h, composée par J-P B pendant le 1er confinement de 2020 à raison d’un module par jour jusqu’à atteindre 34, consiste en une partition de piano à 4 mains et 34 programmations électroacoustiques commandés par les pianistes, composées à partir de sons de pianos hybrides
Cette pièce est conçue pour être ajoutée aux 48è piâneries - Fragmendises, selon l’ordre suivant :

Fragment 0 – Fragmendise 1 – Fragmendise 7 – Fragmendise 14